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Recherche personnalisée

dimanche 27 avril 2008

Offrez lui des fleurs (pourries)

Sur son blog, "To blog or not to blog", Virginie de Galzain déterre une vidéo qui a aujourd'hui près de 20 ans, et qui pourtant, ne semble pas avoir perdu de son parfum. Vous connaissez tous la rengaine : des tas et des tas d'ordures déversées tous les jours (je vous parle, entre autres, de celles "à voir" ou "à entendre"...). Alors, me direz-vous, pourquoi en visionner une autre ? Parce que celle-ci quitte le monde abstrait de la métaphore pour mettre les pieds dedans ! Et "dedans", elle vous y traîne... Vous y êtes jusqu'au cou, parce que :

1 - vous avez un cerveau ;
2 - vous avez un pouce ;
3 - vous achetez des tomates ;
4 - vous ne les mangez pas toutes.

C'est donc une histoire - simple - de cerveau, de pouce, et de tomates (pourries) qu'il vous est proposé de découvrir, et peut-être, pour certains, de redécouvrir ? La petite fleur cinématographique qui vous plante "dedans" et dont vous vous apprêtez à humer l'arôme se nomme Ilha das Flores (L’île aux fleurs), et date de 1989 :


Ile aux fleurs
envoyé par painteau


Infos sur la vidéo :
- Titre : L'Île aux fleurs
- Titre original : Ilha das Flores
- Réalisation : Jorge Furtado
- Format : Couleurs - 35 mm
- Durée : 12 min
- Date de sortie : 1989 (Brésil)

jeudi 17 avril 2008

"Debout dans le vent"

...au sujet de la parole d'un homme dont l'oeuvre a joué pour nous tous "un rôle de ferment et de catalyseur" :


"Tremblement des concepts, séisme culturel, toutes les métaphores de l'isolement sont ici possibles. Mais l'essentiel est qu'avec elle était commencée une entreprise de réhabilitation de nos valeurs par nous-mêmes, du ré-enracinement de nous-mêmes dans une histoire, dans une géographie et dans une culture, le tout se traduisant non pas par un passéisme archaïsant, mais par une réactivation du passé en vue de son propre dépassement".

Aimé Césaire, Discours sur la Négritude, 1987.



Illustration : Frontispice de Wilfredo Lam pour l'édition Bordas de 1947 du Cahier d'un retour au pays natal.


NB :
- Un site officiel en hommage à Aimé Césaire : "Hommage à Césaire"
- Des hommages d'auteurs à Aimé Césaire (tel que Nabile Farès par exemple) dans la revue en ligne Mondes Francophones (avec également un appel à contribution)

Recherche & Archives nationales

Parce que le travail de recherche ne peut se faire sans la consultation d'archives, il m'a semblé important de reproduire ci-dessous un message que j'ai reçu il y a quelques jours (le message reproduit est en italique). Il met en lumière le fait qu'un projet de loi transmis à l'Assemblée Nationale le 9 janvier dernier (texte n°566 - voir le lien à la fin de l'article), risque de restreindre les droits fondamentaux des usagers du service public des Archives nationales (parmis lesquels des historiens par exemple). L'AUSPAN (Association des usagers du service public des Archives nationales) qui signe ce texte nous invite à réagir et à les soutenir dans leur démarche :


Chers toutes et tous,

Nous avons ce week-end attiré votre attention sur le nouveau projet de loi d'archives et les menaces qu'il fait peser sur la recherche. Pour obtenir les changements nécessaires dans le texte de loi, nous vous invitons à lire et à signer cette adresse à nos représentants.

Merci de bien de vouloir retourner votre signature, en précisant vos qualités(doctorant, chercheur, usager, généalogiste...) et, si besoin est, votre institution de rattachement à l'adresse suivante : auspan2008@gmail.com

Adressé à Mesdames et Messieurs les députés et sénateurs :

Un projet de loi d'archives voté en première lecture par le Sénat le 8 janvier 2008 va être soumis au vote de l'Assemblée Nationale le 29 avril 2008. Ce projet de loi contient des dispositions qui portent gravement atteinte à la liberté d'écriture et à la recherche historique. Il restreint de façon arbitraire le droit d'accès des citoyens aux archives publiques contemporaines (depuis 1933).

Nous attirons plus particulièrement l'attention des Mesdames et Messieurs les députés et sénateurs sur les points suivants :

1 - L'article L 213-2-II crée une nouvelle catégorie d'archives, les archives incommunicables. Certaines archives pourront ne jamais être communiquées au nom de la sécurité nationale ou de la « sécurité des personnes ». D'une part, le législateur est en contradiction manifeste avec ses propres intentions : il déclare à l'art. L 213-1 que les archives publiques sont « communicables de plein droit » pour créer, à l'article suivant, la catégorie archives incommunicables. D'autre part cet article n'a pas aucune raison d'être : les informations concernant les armes de destruction massives sont couvertes par l'art. 213-2-I-3° et les informations de nature à compromettre la sécurité des personnes sont visées par l'art. 213-2-I-4°. Enfin cet article est contraire aux recommandations du Conseil de l'Europe précisant que « toute restriction doit être limitée dans le temps » (point 2.1.5. de la Recommandation n° R 2013).

Nous demandons la suppression de l'article L 213-2-II.

2 - Au nom d'une conception inédite « de la protection de la vie privée des personnes » le projet de loi justifie l'allongement du délai d'ouverture des archives publiques. Ainsi un carton contenant un seul document rendant public une « appréciation ou un jugement de valeur » ne pourra être consultable qu'à l'expiration d'un délai de soixante-quinze ans (art. L 213-2-I-4°). Cette expression particulièrement floue autorisera la fermeture d'archives publiques, tels les rapports de préfet. Qui décidera, et sur quels critères, de leur communicabilité ? Par ailleurs, substituer au délai de soixante ans actuellement en vigueur, un délai de soixante-quinze ans compromet les études historiques sur les années trente, et sur le régime de Vichy puisque cela revient à soumettre au privilège d'une dérogation l'étude de documents aujourd'hui librement accessibles.

Nous demandons la suppression des expressions « appréciations et jugements de valeur » et le retour au délai de soixante ans prévu par la loi du 3 janvier 1979, art. 7-5 protégeant « les documents qui contiennent des informations mettant en cause la vie privée ». De plus il serait nécessaire que la possibilité d'obtention d'une dérogation (art. L. 213-3) soit explicitement mentionnée au nouvel art. 25-II. Enfin, les délais de réponse n'étant pas fixés, certaines dérogations se font attendre au-delà d'un temps raisonnable. Nous demandons que les réponses parviennent aux demandeurs dans le délai légal de deux mois.

3 - L'article L 213-3-I instaure un nouveau régime de dérogation pour la consultation des documents avant l'expiration des délais légaux d'ouverture. Le chercheur devra désormais justifier que ses travaux ne portent pas une « atteinte excessive aux intérêts que la loi a entendu protéger ». Comment définira-t-on « l'atteinte excessive aux intérêts de la loi » ? Le régime déjà extrêmement restrictif de la dérogation se trouve de la sorte encore réduit, au point de laisser craindre sa disparition pure et simple.

Nous demandons le retour au régime de la dérogation prévu par l'art. 8 de la loi du 3janvier 1979 : « Cette consultation n'est assortie d'aucune restriction, sauf disposition expresse de la décision administrative portant autorisation ».

4 - Enfin, le système des protocoles, déjà en vigueur pour les Chefs d'État et dont on a constaté les dérives dans certains cas est étendu aux papiers des ministres (Art. L. 213-4). Il offre à ces derniers, jusqu'à leur décès, la possibilité de traiter les archives publiques produites par eux et par leurs collaborateurs comme des archives privées jusqu'au décès des ministres.

Nous demandons que les protocoles soient soumis à un délai maximal de cinquante ans.

Renouant avec la culture du secret (le mot est employé quatorze fois dans le texte), ce projet de loi, va à l'encontre des recommandations du Conseil de l'Europe et des pratiques et législations en vigueur dans les grandes démocraties occidentales.
Les dispositions extrêmement restrictives de ce nouveau texte sont empreintes de méfiance et sont inspirées par une vue largement fictive de ce qu'est la pratique de l'archive. Ce dont les archives françaises ont besoin en France n'est pas d'un retour déguisé au secret d'état, mais sur le modèle des législations étrangères, d'une plus large ouverture. Peut-on raisonnablement penser que la démocratie française en sortirait affaiblie ?

Association des usagers du service public des Archives nationales (AUSPAN).


> Pour un avis supplémentaire, consulter : LDH Toulon

> Pour consulter le projet de loi, voir le site de l'Assemblée Nationale (Texte n°566, transmis à l'Assemblée Nationale le 9 janvier 2008)


> Pour vous tenir informé des suites (Localtis.info, article du 30/04/08)

jeudi 10 avril 2008

Entretien avec Nabile Farès

Le jeudi 17 avril 2008, de 20h30 à 22h00, sur Radio Libertaire :

Le 17 avril prochain, le temps d'une soirée, André Robèr me passe le relais pour présenter son émission sur Radio Liberaire, "Entre chiens et loups" (et je l'en remercie !). J'aurais alors le plaisir de m'inviter chez vous, en compagnie de l'écrivain Nabile Farès.

Petit portrait de l'invité :
Nabile Farès est né a Collo, en Algérie, en 1940. Des années plus tard, il quitte ce lieu pour aller s'installer en Europe, d'abord en Espagne, puis en France, à Paris où il vit toujours aujourd'hui. Ecrivain de la rupture - ou plutôt écrivain d'une rupture - il met en mots les troubles causés par la rencontre violente et conflictuelle de plusieurs mondes, c'est-à-dire des cultures, des langues, des mémoires... Entre des rives occidentales et orientales, il dresse un pont comme pour tenter de se faire joindre ces univers qui se méconnaissent. Son projet littéraire, projet de vie autour des mots, des images et des systèmes de réprésentations (romans, poésies, essais, bandes dessinées, etc.), semble être celui de défaire les paroles des faiseurs d'histoire : prendre les mots de l'Autre, les faire sien en les pliant, les tordant et les explosant à la face de ceux qui sont restés sourds aux échos du passé. C'est une parole puissante, pas toujours limpide, qui se donne comme un chant libre et singulier. Ce n'est donc pas un "nouveau monde" que je vous propose de découvrir lors de cette soirée, puisque Nabile Farès écrit depuis 1972, mais c'est un monde différent, singulier, qui voudrait pouvoir briser des frontière, s'ouvrir, vous ouvrir au Monde...

Pour plus d'informations sur Nabile Farès, se rendre sur Limag, ou cliquer sur les liens ci-dessous :
- Un portrait rédigé par Nourredine Saadi, son ami ;
- Bibliographie de/sur Nabile Farès.

Informations pratiques :
> "Entre chiens et loups", présenté par Stéphane Hoarau, avec Nabile Farès.
> Emission diffusée sur Radio Libertaire, le jeudi 17 avril 2008 (de 20h30 à 22h00).

> Paris /Ile-de-France : 89.4 Mhz
> Ailleurs dans le Monde : pour écouter la radio en ligne (et "en live"), cliquer ici.

jeudi 3 avril 2008

Sobatkoz si Maloya.org / Débats en ligne

En janvier 2008, le magazine L’Express avait sorti un numéro spécial : "Langues créoles. Le combat des Réunionnais"*. Deux mois après – en avril 2008 donc – c’est au tour de Maloya.org de faire son numéro : non pas un spécial, mais une spécialité locale… La toute fraîche rubrique "Koméraz / On en parle" est là pour vous offrir un espace où battre la langue comme on claque les dominos !

Dans la rubrique "Koméraz / On en parle" sont – et seront – présentées des coupures de presse extraites de différents journaux locaux. Et, puisque notre site est en créole (et qu’en coulisse ce choix fait débat), nous avons choisi pour cet espace blog un thème particulier : "langues créoles, un combat ?". Ceux qui s’expriment au sujet du créole sont très passionnés, et surtout très partagés ! Les avez-vous lu ? Si oui, réagissez enfin, mais publiquement ; si non, c’est l’occasion de donner votre point de vue… enfin ! Le principe n’est pas de susciter la polémique ou de raviver des guerres, mais bien de faire entendre la diversité des points de vue sur le sujet, et de permettre à ceux qui les énoncent de pouvoir les échanger, les partager, et peut-être même les changer…

Il va sans dire que, hormis les propos diffamatoires, tous les commentaires seront enregistrés. Mais s’il vous plaît, servez-vous intelligemment de cet espace : pas d’attaques viles et basses, mais des arguments, des arguments, et toujours des arguments !

Mode d’emploi :
- en cliquant sur les copies des articles, vous pourrez les lire (ou les re-lire…) ;
- en cliquant sur l’onglet « 0 Kozé I », vous pourrez lire les commentaires laissés, mais aussi réagir en laisser vos propres commentaires.

Notez également que vous pouvez nous faire parvenir vos propres courriers sur le sujet, à l'adresse suivante : kabar@maloya.org (ils seront mis en ligne comme les articles déjà présentés).


Parce qu’un espace de parole qui n’est pas occupé, est un espace laissé à l’opposant (qui n’est pas nécessairement l’"adversaire"), osez et réagissez !


* N° 2949 – semaine du 10 au 16 janvier 2008

mardi 1 avril 2008

Aux chants de la mer

A découvrir ou à redécouvrir, ce mois-ci, au musée nationale d'art moderne : Delamèr, une nouvelle Métamorphose.



Petit rappel : artiste minimaliste (mais pas "simpliste", comme il se plaît à le rappeler), A. Delamèr s'était fait connaître dans les années 1990, à l'île de La Réunion, pour avoir travaillé un matériau peu utilisé jusque là, des "galets marins" (Les os blanchis, 1997). L'artiste, soucieux de respecter son environnement, ne pêche pas ses roches au large des récifs de l'île, mais il le ramasse, mort, gisant au bord des plages. L'artiste ne pratique pas non plus un ramassage intensif, non, il préfère, comme il le dit, un "ramassage méthodique, fait de longues et lentes ballades le long des vagues". Autant le dire : il est peu prolifique (une à cinq oeuvres par décennie). Son inspiration est donc celle de la mer... elle se nourrit de ce que veulent bien lui apporter les vagues.



Après quelques années de silence (rien depuis 1997), il revient aujourd'hui avec une nouvelle "sculpture ramassée" : Métamorphose (photos ci-contre). Le morceau de pierre, échoué sur la plage, trouve une nouvelle vie : "c'est à l'air libre qu'il respire désormais".



Je vous propose donc de découvrir cette forme fraîchement taillée par Delamèr, érodée par ses souvenirs, creusée par ses espoirs et ses ambitions : "Métamorphose voudrait faire renaître l'espoir d'une vie nouvelle, écologique, c'est-à-dire en accord avec nos environnements : que vive le lagon, que grondent encore les vagues sur les récifs !".


> Exposant actuellement au Centre Pompidou (Paris), il est à ce jour le seul artiste réunionnais à avoir - de son vivant - cumulé des expositions dans les plus prestigieux MoMA (Museum of Modern Art) du monde : Guggenheim à New-York, Tate à Londres, mais aussi à Tokyo, Berlin ou Bamako, etc. Dépassant la côte d'un Villéglé ou d'un César lors de la vente Albou (Paris, 29 et 30 janv. 2008), sa pièce Sans poison ni sentiment (1986) fut l'une des rares à se vendre au-dessus du prix d'acquisition (Estimation 150 000 / 200 000€, vendu 248 700€)...

Kèl Kozman ? / Quelle parole ?

Entre l'île de La Réunion, Paris, et bien d'autres lieux dans le monde, je vous propose, via ce petit blog, de découvrir quelques artistes, publications, événements, etc. qui se rapportent tous à la culture. Une culture alter-..., c'est-à-dire, une culture différente, qui ne se découvre pas dans les magasines pipoles ou dans les écrans des tévés - ni même sur les affiches publicitaires - mais une culture qui tisse des liens entre les humanités, qui vit et que nous faisons vivre de manière originale et singulière dans nos quotidiens respectifs, à travers le monde, à travers les mondes : francophones, créolophones, etc.

Au plaisir de vous rencontrer lors d'une manifestation ou dans l'un des ateliers présentés,
Bien à vous,


Stéphane Hoarau.