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dimanche 29 juillet 2007

Une rose pour El Hasnaoui


Exil d'un chanteur Kabyle à La Réunion...

Alors qu'il y a un mois de cela, à l'initiative de l'Association des enfants du pays Couchant, l'Algérie était mise à l'honneur à Saint-Pierre dans le cadre d'un jumellage entre cette ville et celle de Bab-El-Oued (Le Quotidien du 26/06/07), je vous propose de redécouvrir un artiste kabyle de renom qui a vécu dans l'île, et qui donne aujourd'hui son nom à un parc saint-pierrois : Cheik El Hasnaoui, né Khelouat Mohammed, en 1910 à Tadart Tamuqrant, au sud de Tizi Ouzou.

Petit rappel : "A 14 ans, après le dur apprentissage des écoles coraniques appelées timaâmrin, il décide de quitter le village rongé, comme d’autres du pays, par le colon. Il confie, un jour d’été, sur les berges de l’oued, à Si Saïd U L’hadi, un de ses amis d’enfance : « Cette fois, si je quitte le village, je serai comme une fourmi ailée. Là où me poseront mes ailes, j’y resterai. » Premier itinéraire : le giron de Cheikh M’hamed El Anka où, après quelques rudiments de musique dans les cafés chantants de la ville de Tizi Ouzou, il perfectionne son art du mandole aux côtés de Cheikh Mustapha Nador.En 1936, il anime une fête de circoncision avec Cheikh M’hamed à Tahtaha, sur les hauteurs de la Casbah." (1)
"En cette fin d’années 30, les hommes chassés par la misère, délaissent pour un temps ou pour longtemps la Kabylie. Sans répit, bateaux et avions bondés, dans une ambiance confuse merveilleusement décrite par l’artiste dans sa chanson Maison blanche [cf. vidéo ci-dessous], vident la région de ses forces vives [...]. Mohamed Khelouat éprouve, lui, le besoin d’enregistrer des disques [...] afin de donner une nouvelle dimension à sa carrière. Il embarque donc pour la France, pour un aller sans retour, laissant au pays l’être aimé. Une séparation dont il ne pourra se consoler sa vie durant. A Paris, le « Maître » s’impose comme un artiste phare, illuminant de toute sa classe la vie artistique du moment confinée aux seuls cafés, véritables microcosmes de la société kabyle. De tempérament solitaire, il fréquente très peu les grands noms de la chanson kabyle des années 40 [...] mais se lie d’amitié avec Fatma-Zohra et Mohamed Iguerbouchene avec lequel il collabore dans des émissions radiophoniques[...].
Entre la fin des années 40 et le milieu des années 60, El Hasnaoui produit, à compte d’auteur, un répertoire riche d’une quarantaine de chansons. Des chef-d’œuvres musicaux intemporels, portés par une voix chaude au timbre grésillant. Il développe un style novateur et chatoyant fruit d’un métissage musical recherché. Il évoque, surtout, de façon passionnelle, les thèmes de l’exil et de l’amour impossible et s’inscrit comme un poète résolument tourné vers la modernité en abordant des sujets, tel l’émancipation de la femme, dérogeant à l’ordre traditionnel.

El Hasnaoui se retire définitivement du circuit artistique, en 1970, sans avoir eu la reconnaissance tant méritée du grand public. Ce n’est que bien après sa carrière que son œuvre et sa personne suscitent un réel engouement populaire. Retraité, il quitte la région parisienne pour le soleil niçois, puis comme pour mieux matérialiser son désir de solitude et cultiver le mystère qui règne autour de lui, il s’installe, en 1988, à l’île de La Réunion en compagnie de son épouse." (2)

Cheikh El Hasnaoui, s’éteint discrètement à l’île de La Réunion le 6 juillet 2002, à l'âge de 92 ans...


Sources : L’exil au bout de l’amour-passion (1) et El Hasnaoui : "Maison Blanche" (2) sur : www.kabyle.com

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Entre l'île de La Réunion, Paris, et bien d'autres lieux dans le monde, je vous propose, via ce petit blog, de découvrir quelques artistes, publications, événements, etc. qui se rapportent tous à la culture. Une culture alter-..., c'est-à-dire, une culture différente, qui ne se découvre pas dans les magasines pipoles ou dans les écrans des tévés - ni même sur les affiches publicitaires - mais une culture qui tisse des liens entre les humanités, qui vit et que nous faisons vivre de manière originale et singulière dans nos quotidiens respectifs, à travers le monde, à travers les mondes : francophones, créolophones, etc.

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Stéphane Hoarau.