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Recherche personnalisée

lundi 15 décembre 2008

Publications électroniques de thèses...

« Publication électronique de thèses et mémoires de recherche »
Appel à contribution, Calenda
(publié le vendredi 05 décembre 2008)

Nous invitons tous les auteurs de thèses et mémoires relevant du domaine des études françaises et francophones à soumettre leurs travaux à notre site sans papier, afin de constituer une archive électronique de la recherche doctorale dans les disciplines concernées. Les paragraphes qui suivent décrivent le projet plus précisément.

En avril 2008, avec le soutien de l’Ambassade de France aux Etats-Unis, le centre French Studies de Cornell University a lancé un site électronique nommé sans papier. Le projet est d’ouvrir un espace éditorial en ligne pour les « pré-publications » de textes de recherche ayant trait aux mondes français et francophones, dans toutes les disciplines pertinentes. Alors que le délai moyen entre l’envoi d’un article à une grande revue et l’éventuelle parution est désormais de deux ans (avec des pics à quatre ou cinq ans…), période pendant laquelle le travail devient inaccessible. sans papier permet aux auteurs, sous le mode de la gratuité et de l’ouverture du savoir, de rendre immédiatement lisible leur recherche, de partager des hypothèses encore en cours, de délivrer un premier état de leur réflexion.

Nous avons jusqu’à présent concentré nos efforts sur les articles, mais nous nous proposons actuellement de lancer une nouvelle collection électronique regroupant des travaux de recherches sanctionnés par des diplômes de l’enseignement supérieur. Les mémoires et a fortiori les thèses de doctorat sont le résultat d’une longue enquête, et, dans les cas – minoritaires – où ils trouvent un éditeur, un « allègement » est le plus souvent nécessaire. Si le processus de révision peut permettre à un exercice universitaire de devenir un véritable livre, il s’accompagne pourtant d’une relative et inévitable déperdition. Par ailleurs, le contexte de l’édition traditionnelle n’est guère adapté au fort nombre de travaux de recherche, qui ne trouvent pour la plupart pas de « débouché » en version papier. Ainsi, les thèses ont aujourd'hui un statut semi-officiel : elles existent en quelques exemplaires dans des bibliothèques et sont consultables de fait, mais de manière limitée, et très difficilement en dehors des limites nationales. Les mémoires ont une existence encore plus locale.

L’idée serait de mettre en ligne, via notre site "sans papier" [cf. lien ci-dessous], ces textes qui circulent déjà, mais si mal – et d’ainsi leur conférer un lectorat élargi en attendant une éventuelle révision pour publication. Nous accepterions tous les mémoires et thèses soutenus avec succès dans l’enseignement supérieur, portant sur les mondes français et francophones, sans distinction de disciplines. sans papier est pour l’instant une collection acceptant des textes en français et en anglais seulement, mais une extension à d’autres langues serait envisageable pour cette collection. Une fois soumis, les fichiers seraient disponibles pour un téléchargement gratuit à partir de sans papier (sous forme de plusieurs fichiers pdf sécurisés). Le copyright reste l’entière propriété des auteurs qui ont donc la possibilité de signer ultérieurement un contrat d’édition sans qu’il y ait conflit d’intérêt. Si l’éditeur le demandait, nous retirerions le fichier textuel de notre site, tout en gardant sa description et offrant, à parution, un lien avec le bon de commande de l’ouvrage.

Le conditionnel est de mise car nous voulons pour l’instant éprouver la viabilité de la collection, et nous demandons aux auteurs éventuels de nous contacter avant le 15 février prochain. Si la réponse est à la hauteur de nos espérances, nous inaugurerons cette nouvelle extension du site au printemps 2009. Dès lors, il serait possible de soumettre des travaux tout au long de l’année ou presque. Nous constituerions également un groupe de conseillers pour la collection, dont le but serait à la fois d’apporter une caution universitaire supplémentaire et, autant que possible, faciliter un débouché éditorial pour les recherches les plus remarquables.

A ce stade, nous demandons à toutes les personnes intéressées de contacter, par courrier électronique, Laurent Dubreuil, professeur d’études romanes et de littérature comparée et éditeur en chef de sans papier [ld79@cornell.edu], avec en copie les co-éditeurs [cf92@cornell.edu]. Le message doit indiquer comme sujet « sans papier » puis le titre abrégé de la thèse. Comme pièces jointes, nous souhaiterions obtenir la position de thèse ou tout résumé équivalent d’une à cinq pages, une table des matières ainsi que la copie électronique du diplôme ou du rapport de thèse. Il n’est pas utile pour l’instant de nous faire parvenir le texte complet. Nous reviendrons le cas échéant vers les contributeurs. Pendant ce temps, sans papier reste évidemment ouvert à l’envoi d’articles, selon les modalités indiquées sur notre site et accueille volontiers toute pré-publication de plus courts essais.

Date limite : dimanche 15 février 2009

Url de référence : "sans papier"

Contact / Source de l'information : Laurent Dubreuil (ld79@cornell.edu)

mercredi 10 décembre 2008

Discours de JMG Le Clézio au Nobel

Voilà de quoi dérouler un peu la longueur de ce blog : le discours de Jean-Marie G. Le Clézio prononcé ce dimanche 7 décembre 2008 à l'Académie de Suède. Ce blog étant essentiellement - mais pas seulement - tourné vers les cultures de l'océan Indien, je me dois de souligner ici la dédicace du Nobel 2008 aux figures, entre autres lieux du monde, de cet océan : à Malcom de Chazal, le "très grand Mauricien", à Danyèl Waro, "l'insoumis"...

Bonne lecture.

***

Pourquoi écrit-on ? J'imagine que chacun a sa réponse à cette simple question. Il y a les prédispositions, le milieu, les circonstances. Les incapacités aussi. Si l'on écrit, cela veut dire que l'on n'agit pas. Que l'on se sent en difficulté devant la réalité, que l'on choisit un autre moyen de réaction, une autre façon de communiquer, une distance, un temps de réflexion.
Si j'examine les circonstances qui m'ont amené à écrire – je ne le fais pas par complaisance, mais par souci d'exactitude – je vois bien qu'au point de départ de tout cela, pour moi, il y a la guerre. La guerre, non pas comme un grand moment bouleversant où l'on vit des heures historiques, par exemple la campagne de France relatée des deux côtés du champ de bataille de Valmy, par Goethe du côté allemand et par mon ancêtre François du côté de l'armée révolutionnaire. Ce doit être exaltant, pathétique. Non, la guerre pour moi, c'est celle que vivaient les civils, et surtout les enfants très jeunes. Pas un instant elle ne m'a paru un moment historique. Nous avions faim, nous avions peur, nous avions froid, c'est tout. Je me souviens d'avoir vu passer sous ma fenêtre les troupes du maréchal Rommel remontant les Alpes à la recherche d'un passage vers le nord de l'Italie et l'Autriche. Cela ne m'a pas laissé un souvenir très marquant. En revanche, dans les années qui ont suivi la guerre, je me souviens d'avoir manqué de tout, et particulièrement de quoi écrire et de quoi lire. Faute de papier et de plume à encre, j'ai dessiné et j'ai écrit mes premiers mots sur l'envers des carnets de rationnement, en me servant d'un crayon de charpentier bleu et rouge. Il m'en est resté un certain goût pour les supports rêches et pour les crayons ordinaires. Faute de livres pour enfants, j'ai lu les dictionnaires de ma grand-mère. C'étaient de merveilleux portiques pour partir à la reconnaissance du monde, pour vagabonder et rêver devant les planches d'illustrations, les cartes, les listes de mots inconnus. Le premier livre que j'ai écrit, à l'âge de six ou sept ans, du reste s'intitulait Le Globe à mariner. Suivi tout de suite par la biographie d'un roi imaginaire appelé Daniel III – peut-être était-il de Suède ? Et par un récit raconté par une mouette. C'était une période de réclusion. Les enfants n'avaient guère la liberté d'aller jouer dehors, car les terrains et les jardins autour de chez ma grand-mère avaient été minés. Au hasard des promenades, je me souviens d'avoir longé un enclos de barbelés au bord de la mer, sur lequel un écriteau en français et en allemand menaçait les intrus d'une interdiction accompagnée d'une tête de mort.
Je peux comprendre que c'était un contexte où l'on avait le désir de s'enfuir – donc de rêver et d'écrire ces rêves. En outre, ma grand-mère maternelle était une extraordinaire conteuse, qui réservait aux longues heures d'après-midi le temps des histoires. Ses contes étaient toujours très imaginatifs, et mettaient en scène une forêt – peut-être africaine, ou peut-être la forêt mauricienne de Macchabée – dont le personnage principal était un singe doué de malice, qui se sortait toujours des situations les plus périlleuses. Par la suite, j'ai fait un voyage et un séjour en Afrique, où j'ai découvert la forêt véritable, à peu près dépourvue d'animaux. Mais un D.O. du village d'Obudu, à la frontière des Camerouns, m'a fait écouter le crépitement des gorilles sur une colline voisine, en train de frapper leurs poitrines. De ce voyage, de ce séjour (au Nigéria où mon père était médecin de brousse) j'ai rapporté non pas la matière de romans futurs, mais une sorte de seconde personnalité, à la fois rêveuse et fascinée par le réel, qui m'a accompagné toute ma vie – et qui a été la dimension contradictoire, l'étrangeté moi-même que j'ai ressentie parfois jusqu à la souffrance. La lenteur de la vie est telle qu'il m'aura fallu la durée de la majeure partie de cette existence pour comprendre ce que cela signifie.
Les livres sont entrés dans ma vie un peu plus tard. C'était sous la forme de plusieurs bibliothèques que mon père avait réussi à réunir et qui provenaient de la dispersion de son héritage lorsqu'il avait été expulsé de sa maison natale à Moka (Ile Maurice). C'est alors que j'ai compris cette vérité qui n'apparaît pas immédiatement aux enfants, à savoir que les livres sont un trésor plus précieux que les biens immeubles ou que les comptes en banque. C'est dans ces volumes, la plupart anciens et reliés, que j'ai découvert les grands textes de la littérature universelle, le Don Quijote illustré par Tony Johannot, La vida de Lazarillo de Tormes ; The Ingoldsby Legends, Gulliver's Travels ; les grands romans inspirés de Victor Hugo, Quatre-vingt Treize, Les Travailleurs de la Mer, ou L'Homme qui rit. Les Contes drôlatiques de Balzac, aussi. Mais les livres qui m'ont le plus marqué, ce sont les collections de récits de voyage, pour la plupart consacrés à l'Inde, à l'Afrique et aux îles Masacareignes, ainsi que les grands textes d'exploration, de Dumont d'Urville ou de l'Abbé Rochon, de Bougainville, de Cook, et bien sûr le Livre des Merveilles de Marco Polo. Dans la vie médiocre d'une petite bourgade de province endormie au soleil, après les années de liberté en Afrique, ces livres m'ont donné le goût de l'aventure, ils m'ont permis de pressentir la grandeur du monde réel, de l'explorer par l'instinct et par les sens plutôt que par les connaissances. D'une certaine façon ils m'ont permis de ressentir très tôt la nature contradictoire de la vie d' enfant, qui garde un refuge où il peut oublier la violence et la compétition, et prendre son plaisir à regarder la vie extérieure par le carré de sa fenêtre.
Dans les instants qui ont précédé l'annonce, pour moi très étonnante, de la distinction que m'octroyait l'Académie de Suède, j'étais en train de relire un petit livre de Stig Dagerman que j'aime particulièrement : la collection de textes politiques intitulée Essäer och texter (La Dictature du Chagrin). Ce n'était par hasard que je me replongeais dans la lecture de ce livre caustique et amer. Je devais me rendre en Suède pour y recevoir le prix que l'association des amis de Dagerman m'avait donné l'été passé, afin de rendre visite aux lieux de l'enfance de cet écrivain. J'ai toujours été sensible à l'écriture de Dagerman, à ce mélange de tendresse juvénile, de naïveté et de sarcasme. À son idéalisme. À la clairvoyance avec laquelle il juge son époque troublée de l'après-guerre, pour lui le temps de la maturité, pour moi celui de mon enfance. Une phrase en particulier m'a arrêté, et m'a semblée s'adresser à moi dans cet instant précis – alors que je venais de publier un roman intitulé Ritournelle de la Faim. Cette phrase, ou plutôt ce passage, le voici : « Comment est-il possible par exemple de se comporter, d'un côté comme si rien au monde n'avait plus d'importance que la littérature, alors que de l'autre il est impossible de ne pas voir alentour que les gens luttent contre la faim et sont obligés de considérer que le plus important pour eux, c'est ce qu'ils gagnent à la fin du mois ? Car il (l'écrivain) bute sur un nouveau paradoxe : lui qui ne voulait écrire que pour ceux qui ont faim découvre que seuls ceux qui ont assez à manger ont loisir de s'apercevoir de son existence. » (L'écrivain et la conscience)
Cette « forêt de paradoxes », comme l'a nommé Stig Dagerman, c'est justement le domaine de l'écriture, le lieu dont l'artiste ne doit pas chercher à s'échapper, mais bien au contraire dans lequel il doit « camper » pour en reconnaître chaque détail, pour explorer chaque sentier, pour donner son nom à chaque arbre. Ce n'est pas toujours un séjour agréable. Lui qui se croyait à l'abri, elle qui se confiait à sa page comme à une amie intime et indulgente, les voici confrontés au réel, non pas seulement comme observateurs, mais comme des acteurs. Il leur faut choisir leur camp, prendre des distances. Cicéron, Rabelais, Condorcet, Rousseau, Madame de Staël, ou bien plus récemment Soljenitsyne ou Hwang Seok-yong, Abdelatif Laâbi ou Milan Kundera ont eu à prendre la route de l'exil. Pour moi qui ai toujours connu – sauf durant la brève période de la guerre – la possibilité de mouvement, l'interdiction de vivre dans le lieu qu'on a choisi est aussi inacceptable que la privation de liberté.
Mais cette liberté de bouger comme un privilège a pour conséquence le paradoxe. Voyez l'arbre aux épines hérissées au sein de la forêt qu'habite l'écrivain : cet homme, cette femme occupés à écrire, à inventer leurs songes, ne sont-ils pas les membres d'une très heureuse et réduite happy few ? Imaginons une situation extrême, terrifiante – celle-là même que vit le plus grand nombre sur notre planète. Celle qu'ont vécue jadis, au temps d'Aristote ou au temps de Tolstoï, les inqualifiables – les serfs, serviteurs, vilains de l'Europe au Moyen-Âge, ou peuples razziés au temps des Lumières sur la côte d'Afrique, vendus à Gorée, à El Mina, à Zanzibar. Et aujourd'hui même, à l'heure que je vous parle, tous ceux qui n'ont pas droit à la parole, qui sont de l'autre côté du langage. C'est la pensée pessimiste de Dagerman qui m'envahit plutôt que le constat militant de Gramsci ou le pari désabusé de Sartre. Que la littérature soit le luxe d'une classe dominante, qu'elle se nourrisse d'idées et d'images étrangères au plus grand nombre, cela est à l'origine du malaise que chacun de nous éprouve – je m'adresse à ceux qui lisent et écrivent. L'on pourrait être tenté de porter cette parole à ceux qui en sont exclus, les inviter généreusement au banquet de la culture. Pourquoi est-ce si difficile ? Les peuples sans écriture, comme les anthropologues se sont plu à les nommer, sont parvenus à inventer une commun- ication totale, au moyen des chants et des mythes. Pourquoi est-ce devenu aujourd'hui impossible dans notre société industrialisée ? Faut-il réinventer la culture ? Faut-il revenir à une communication immédiate, directe ? On serait tenté de croire que le cinéma joue ce rôle aujourd'hui, ou bien la chanson populaire, rythmée, rimée, dansée. Le jazz peut-être, ou sous d'autres cieux, le calypso, le maloya, le sega.
Le paradoxe ne date pas d'hier. François Rabelais, le plus grand écrivain de langue française, partit jadis en guerre contre le pédantisme des gens de la Sorbonne en jetant à leur face les mots saisis dans la langue populaire. Parlait-il pour ceux qui ont faim ? Débordements, ivresses, ripailles. Il mettait en mots l'extraordinaire appétit de ceux qui se nourrissaient de la maigreur des paysans et des ouvriers, pour le temps d'une mascarade, d'un monde à l'envers. Le paradoxe de la révolution, comme l'épique chevauchée du chevalier à la triste figure, vit dans la conscience de l'écrivain. S'il y a une vertu indispensable à sa plume, c'est qu'elle ne doive jamais servir à la louange des puissants, fût-ce du plus léger chatouillis. Et pourtant, même dans la pratique de cette vertu, l'artiste ne doit pas se sentir lavé de tout soupçon. Sa révolte, son refus, ses imprécations restent d'un certain côté de la barrière, du côté de la langue des puissants. Quelques mots, quelques phrases s'échappent. Mais le reste ? Un long palimpseste, un atermoiement élégant et distant. L'humour, parfois, qui n'est pas la politesse du désespoir mais la désespérance des imparfaits, la plage où le courant tumultueux de l'injustice les abandonne.
Alors, pourquoi écrire ? L'écrivain, depuis quelque temps déjà, n'a plus l'outrecuidance de croire qu'il va changer le monde, qu'il va accoucher par ses nouvelles et ses romans un modèle de vie meilleur. Plus simplement, il se veut témoin. Voyez cet autre arbre dans la forêt des paradoxes. L'écrivain se veut témoin, alors qu'il n'est, la plupart du temps, qu'un simple voyeur.
Témoin, il arrive que l'artiste le soit : Dante dans La Divina Commedia, Shakespeare dans The Tempest – et Césaire dans la magnifique reprise de cette pièce, appelée Une Tempête, dans laquelle Caliban, à cheval sur un baril de poudre, menace d'emmener avec lui dans la mort ses maîtres détestés. Témoin, il l'est parfois de façon irrécusable, comme Euclides da Cunha dans Os Sertões, ou comme Primo Levi. L'absurde du monde est dans Der Prozess (ou dans les films de Chaplin), son imperfection dans La Naissance du jour de Colette, sa fantasmagorie dans la chanson irlandaise que Joyce a mise en scène dans Finnegans Wake. Sa beauté brille d'un éclat irrésistible dans The Snow Leopard de Peter Matthiessen ou dans A Sand County Almanach d'Aldo Leopold. Sa méchanceté dans Sanctuary de William Faulkner, ou dans Première neige de Lao She. Sa fragilité d'enfance dans Ormen (Le Serpent) de Dagerman.
L'écrivain n'est jamais un meilleur témoin que lorsqu'il est un témoin malgré lui, à son corps défendant. Le paradoxe, c'est que ce dont il témoigne n'est pas ce qu'il a vu, ni même ce qu'il a inventé. L'amertume, parfois le désespoir, viennent de ce qu'il n'est pas présent au réquisitoire. Tolstoï nous fait voir le malheur que l'armée napoléonienne inflige à la Russie, et pourtant rien n'est changé dans le cours de l'histoire. Mme de Duras écrit Ourika, Harriet Beecher Stowe Uncle Tom's Cabin, mais ce sont les peuples esclaves qui changent leur propre destin, qui se révoltent et fondent contre l'injustice les résistances marronnes, au Brésil, en Guyane, aux Antilles, et la première république noire en Haïti.
Agir, c'est ce que l'écrivain voudrait par-dessus tout. Agir, plutôt que témoigner. Ecrire, imaginer, rêver, pour que ses mots, ses inventions et ses rêves interviennent dans la réalité, changent les esprits et les cœurs, ouvrent un monde meilleur. Et cependant, à cet instant même, une voix lui souffle que cela ne se pourra pas, que les mots sont des mots que le vent de la société emporte, que les rêves ne sont que des chimères. De quel droit se vouloir meilleur ? Est-ce vraiment à l'écrivain de chercher des issues ? N'est-il pas dans la position du garde champêtre dans la pièce du Knock ou Le Triomphe de la médecine, qui voudrait empêcher un tremblement de terre ? Comment l'écrivain pourrait-il agir, alors qu'il ne sait que se souvenir ?
La solitude sera son lot. Elle l'a toujours été. Enfant, il était cet être fragile, inquiet, réceptif excessivement, cette fille que décrit Colette, qui ne peut que regarder ses parents se déchirer, ses grands yeux noirs agrandis par une sorte d'atttention douloureuse. La solitude est aimante aux écrivains, c'est dans sa compagnie qu'ils trouvent l'essence du bonheur. C'est un bonheur contradictoire, mélange de douleur et de délectation, un triomphe derisoire, un mal sourd et omniprésent, à la manière d'une petite musique obsédante. L'écrivain est l'être qui cultive le mieux cette plante vénéneuse et nécessaire , qui ne croît que sur le sol de sa propre incapacité. Il voulait parler pour tous, pour tous les temps : le voilà, la voici dans sa chambre, devant le miroir trop blanc de la page vide, sous l'abat-jour qui distille une lumière secrète. Devant l'écran trop vif de son ordinateur, à écouter le bruit de ses doigts qui clic-claquent sur les touches. C'est cela, sa forêt. L'écrivain en connaît trop bien chaque sente. Si parfois quelque chose s'en échappe, comme un oiseau levé par un chien à l'aube, c'est sous son regard éberlué – c'était au hasard, c'était malgré lui, malgré elle.
Mais je ne voudrais pas me complaire dans une attitude négative. La littérature – c'est là que je voulais en venir – n'est pas une survivance archaïque à laquelle devrait se substituer logiquement les arts de l'audiovisuel, et particulièrement le cinéma. Elle est une voie complexe, difficile, mais que je crois encore plus nécessaire aujourd'hui qu'au temps de Byron ou de Victor Hugo.
Il y a deux raisons à cette nécessité :
D'abord, parce que la littérature est faite de langage. C'est le sens premier du mot : lettres, c'est-à-dire ce qui est écrit. En France, le mot roman désigne ces écrits en prose qui utilisaient pour la première fois depuis le Moyen Age la langue nouvelle que chacun parlait, la langue romane. La nouvelle vient aussi de cette idée de la nouveauté. A peu près à la même époque, en France l'on a cessé d'utiliser le mot rimeur (de rime) pour parler de poésie et de poètes – du verbe grec poiein, créer. L'écrivain, le poète, le romancier, sont des créateurs . Cela ne veut pas dire qu'ils inventent le langage, cela veut dire qu'ils l'utilisent pour créer de la beauté, de la pensée, de l'image. C'est pourquoi l'on ne saurait se passer d'eux. Le langage est l'invention la plus extraordinaire de l'humanité, celle qui précède tout, partage tout. Sans le langage, pas de sciences, pas de technique, pas de lois, pas d'art, pas d'amour. Mais cette invention, sans l'apport des locuteurs, devient virtuelle. Elle peut s'anémier, se réduire, disparaître. Les écrivains, dans une certaine mesure, en sont les gardiens. Quand ils écrivent leurs romans, leurs poèmes, leur théâtre, ils font vivre le langage. Ils n'utilisent pas les mots, mais au contraire ils sont au service du langage. Ils le célèbrent, l'aiguisent, le transforment, parce que le langage est vivant par eux, à travers eux et accompagne les transformations sociales ou économiques de leur epoque.
Lorsque, au siècle dernier, les théories racistes se sont fait jour, l'on a évoqué les différences fondamentales entre les cultures. Dans une sorte de hiérarchie absurde, l'on a fait correspondre la réussite économique des puissances coloniales avec une soi-disant supériorité culturelle. Ces théories, comme une pulsion fiévreuse et malsaine, de temps à autre ressurgissent ça et là pour justifier le néo-colonialisme ou l'impérialisme. Certains peuples seraient à la traîne, n'auraient pas acquis droit de cité (de parole) du fait de leur retard économique, ou de leur archaïsme technologique. Mais s'est-on avisé que tous les peuples du monde, où qu'ils soient, et quel que soit leur degré de développement, utilisent le langage ? Et chacun de ces langages est ce même ensemble logique, complexe, architecturé, analytique, qui permet d'exprimer le monde – capable de dire la science ou d'inventer les mythes.
Ayant défendu l'existence de cet être ambigu et un peu archaïque qu'est l'écrivain, je voudrais dire la deuxième raison de l'existence de la littérature, car celle-ci touche davantage au beau métier de l'édition.
L'on parle beaucoup de mondialisation aujourd'hui. On oublie que le phénomène a commencé en Europe à la Renaissance, avec le début de l'ère coloniale. La mondialisation n'est pas une mauvaise chose en soi. La communication rend le progrès plus rapide, en médecine, ou en sciences. Peut-être que la généralisation de l'information rendra les conflits plus difficiles. S'il y avait eu internet, il est possible que Hitler n'eût pas réussi son complot mafieux – le ridicule l'eût peut-être empêché de naître.
Nous vivons, paraît-il, à l'ère de l'internet et de la communication virtuelle. Cela est bien, mais que valent ces stupéfiantes inventions sans l'enseignement de la langue écrite et sans les livres ? Fournir en écrans à cristaux liquides la plus grande partie de l'humanité relève de l'utopie. Alors ne sommes-nous pas en train de créer une nouvelle élite, de tracer une nouvelle ligne qui divise le monde entre ceux qui ont accès à la communication et au savoir et ceux qui restent les exclus du partage ? De grands peuples, de grandes civilisations ont disparu faute de l'avoir compris. Certes de grandes cultures, que l'on dit minoritaires, ont su résister jusqu'à aujourd'hui, grâce à la transmission orale des savoirs et des mythes. Il est indispensable, il est bénéfique de reconnaître l'apport de ces cultures. Mais que nous le voulions ou non, même si nous ne sommes pas encore à l‘âge du réel, nous ne vivons plus à l'âge du mythe. Il n‘est pas possible de fonder le respect d'autrui et l'égalité sans donner à chaque enfant le bienfait de l'ecriture.
Aujourd'hui, au lendemain de la décolonisation, la littérature est un des moyens pour les hommes et les femmes de notre temps d'exprimer leur identité, de revendiquer leur droit à la parole, et d'être entendus dans leur diversité. Sans leur voix, sans leur appel, nous vivrions dans un monde silencieux.
La culture à l'échelle mondiale est notre affaire à tous. Mais elle est surtout la responsabilité des lecteurs, c'est-à-dire celle des éditeurs. Il est vrai qu'il est injuste qu'un Indien du grand Nord Canadien, pour pouvoir être entendu, ait à écrire dans la langue des conquérants – en Français, ou en Anglais. Il est vrai qu'il est illusoire de croire que la langue créole de Maurice ou des Antilles pourra atteindre la même facilité d'écoute que les cinq ou six langues qui règnent aujourd'hui en maîtresses absolues sur les médias. Mais si, par la traduction, le monde peut les entendre, quelque chose de nouveau et d'optimiste est en train de se produire. La culture, je le disais, est notre bien commun, à toute l'humanité. Mais pour que cela soit vrai, il faudrait que les mêmes moyens soient donnés à chacun, d'accéder à la culture. Pour cela, le livre est, dans tout son archaïsme, l'outil idéal. Il est pratique, maniable, économique. Il ne demande aucune prouesse technologique particulière, et peut se conserver sous tous les climats. Son seul défaut – et là je m'adresse particulièrement aux éditeurs – est d'être encore difficile d'accès pour beaucoup de pays. A Maurice le prix d'un roman ou d'un recueil de poèmes correspond à une part importante du budget d'une famille. En Afrique, en Asie du Sud-Est, au Mexique, en Océanie, le livre reste un luxe inaccessible. Ce mal n'est pas sans remède. La coédition avec les pays en voie de développement, la création de fonds pour les bibliothèques de prêt ou les bibliobus, et d'une façon générale une attention accrue apportée à l'égard des demandes et des écritures dans les langues dites minoritaires – très majoritaires en nombre parfois – permettrait à la littérature de continuer d'être ce merveilleux moyen de se connaître soi-même, de découvrir l'autre, d'entendre dans toute la richesse de ses thèmes et de ses modulations le concert de l'humanité.
Il me plaît assez de parler encore de la forêt. C'est sans doute pour cela que la petite phrase de Stig Dagerman résonne dans ma mémoire, pour cela que je veux la lire et la relire, m'en pénétrer. Il y a quelque chose de désespéré en elle, et au même instant de jubilatoire, parce que c'est dans l'amertume que se trouve la part de vérité que chacun cherche. Enfant, je rêvais de cette forêt. Elle m'épouvantait et m'attirait à la fois – je suppose que le petit Poucet, ou Hansel devaient ressentir la même émotion, quand elle se refermait sur eux avec tous ses dangers et toutes ses merveilles. La forêt est un monde sans repères. La touffeur des arbres, l'obscurité qui y règnent peuvent vous perdre. L'on pourrait dire la même chose du désert, ou de la haute mer, lorsque chaque dune, chaque colline s'écarte pour montrer une autre colline, une autre vague parfaitement identiques. Je me souviens de la première fois que j'ai ressenti ce que peut être la littérature – Dans The Call of the Wild, de Jack London, précisément, l'un des personnages, perdu dans la neige, sent le froid l'envahir peu à peu alors que le cercle des loups se referme autour de lui. Il regarde sa main déjà engourdie, et s'efforce de bouger chaque doigt l'un après l'autre. Cette découverte pour l'enfant que j'étais avait quelque chose de magique. Cela s'appelait la conscience de soi.
Je dois à la forêt une de mes plus grandes émotions littéraires de mon âge adulte. Cela se passe il y a une trentaine d'années, dans une région d'Amérique centrale appelée El Tapón de Darien, le Bouchon, parce que c'est là que s'interrompait alors (et je crois savoir que depuis la situation n'a pas changé) la route Panaméricaine qui devait relier les deux Amériques, de l'Alaska à la pointe de la Terre de Feu. L'isthme de Panama, dans cette partie, est couvert d'une forêt de pluie extrêmement dense, dans laquelle il n'est possible de voyager qu'en remontant le cours des fleuves en pirogue. Cette forêt est habitée par une population amérindienne, divisée en deux groupes, les Emberas et les Waunanas, tous deux appartenant à la famille linguistique Ge-Pano-Karib. Etant venu là par hasard, je me suis trouvé fasciné par ce peuple au point d'y faire plusieurs séjours assez longs, pendant environ trois ans. Pendant tout ce temps, je n'ai rien fait d'autre que d'aller à l'aventure, de maison en maison – car ce peuple refusait alors de se grouper en villages – et d'apprendre à vivre selon un rythme entièrement différent de ce que j'avais connu jusque là. Comme toutes les vraies forêts, cette forêt était particulièrement hostile. Il fallait faire l'inventaire de tous les dangers, et aussi de tous les moyens de survie qu'elle comportait. Je dois dire que dans l'ensemble, les Emberas ont été très patients avec moi. Ma maladresse les faisait rire, et je crois que dans une certaine mesure, je leur ai rendu en distraction un peu de ce qu'ils m'ont appris en sagesse. Je n'écrivais pas beaucoup. La forêt n'est pas un milieu idéal pour cela. L'humidité détrempe le papier, la chaleur dessèche les crayons à bille. Rien de ce qui marche à l'électricité ne dure très longtemps. J'arrivais là avec la conviction que l'écriture était un privilège, et qu'il me resterait toujours pour résister à tous les problèmes de l'existence. Une protection, en quelque sorte, une espèce de vitre virtuelle que je pouvais remonter à ma guise pour m'abriter des intempéries.
Ayant assimilé le système de communisme primordial que pratiquent les Amérindiens, ainsi que leur profond dégoût pour l'autorité, et leur tendance à une anarchie naturelle, je pouvais imaginer que l'art, en tant qu'expression individuelle, ne pouvait avoir cours dans la forêt. D'ailleurs, rien chez ces gens qui pût ressembler à ce que l'on appelle l'art dans notre société de consommation. Au lieu de tableaux, les hommes et les femmes peignent leur corps, et répugnent de façon générale à construire rien de durable. Puis j'ai eu accès aux mythes. Lorsqu'on parle de mythes, dans notre monde de livres écrits, l'on semble parler de quelque chose de très lointain, soit dans le temps, soit dans l'espace. Je croyais moi aussi à cette distance. Et voilà que les mythes venaient à moi, régulièrement, presque chaque nuit. Près d'un feu de bois construit sur le foyer à trois pierres dans les maisons, dans le ballet des moustiques et des papillons de nuit, la voix des conteurs et des conteuses mettait en mouvement ces histoires, ces légendes, ces récits, comme s'ils parlaient de la réalité quotidienne. Le conteur chantait d'une voix aigüe, en frappant sa poitrine, son visage mimait les expressions, les passions, les inquiétudes des personnages. Cela aurait pu être du roman, et non du mythe. Mais une nuit est arrivée une jeune femme. Son nom était Elvira. Dans toute la forêt des Emberas, Elvira était connue pour son art de conter. C'était une aventurière, qui vivait sans homme, sans enfants – on racontait qu'elle était un peu ivrognesse, un peu prostituée, mais je n'en crois rien – et qui allait de maison en maison pour chanter, moyennant un repas, une bouteille d'alcool, parfois un peu d'argent. Bien que je n'aie eu accès à ses contes que par le biais de la traduction – la langue embera comprend une version littéraire beaucoup plus complexe que la langue de chaque jour – j'ai tout de suite compris qu'elle était une grande artiste, dans le meilleur sens qu'on puisse donner à ce mot. Le timbre de sa voix, le rythme de ses mains frappant ses lourds colliers de pièces d'argent sur sa poitrine, et par-dessus tout cet air de possession qui illuminait son visage et son regard, cette sorte d'emportement mesuré et cadencé, avaient un pouvoir sur tous ceux qui étaient présents. A la trame simple des mythes – l'invention du tabac, le couple des jumeaux originels, histoires de dieux et d'humains venues du fond des temps, elle ajoutait sa propre histoire, celle de sa vie errante, ses amours, les trahisons et les souffrances, le bonheur intense de l'amour charnel, l'acide de la jalousie, la peur de vieillir et de mourir. Elle etait la poésie en action, le théâtre antique, en meme temps que le roman le plus contemporain. Elle était tout cela avec feu, avec violence, elle inventait, dans la noirceur de la forêt, parmi le bruit environnant des insectes et des crapauds, le tourbillon des chauves-souris, cette sensation qui n'a pas d'autre nom que la beauté. Comme si elle portait dans son chant la puissance véridique de la nature, et c'était là sans doute le plus grand paradoxe, que ce lieu isolé, cette forêt, la plus éloignée de la sophistication de la littérature, était l'endroit où l'art s'exprimait avec le plus de force et d'authenticité.
Ensuite j'ai quitté ce pays, je n'ai plus jamais revu Elvira, ni aucun des conteurs de la forêt du Darien. Mais il m'est resté beaucoup plus que de la nostalgie, la certitude que la littérature pouvait exister, malgré toute l'usure des conventions et des compromis, malgré l'incapacité dans laquelle les écrivains étaient de changer le monde. Quelque chose de grand et de fort, qui les surpasse, parfois les anime et les transfigure, et leur rend l'harmonie avec la nature. Quelque chose de neuf et de très ancien à la fois, impalpable comme le vent, immatériel comme les nuages, infini comme la mer. Ce quelque chose qui vibre dans la poésie de Jallal Eddine Roumi, par exemple, ou dans l'architecture visionnaire d'Emanuel Swedenborg. Le frisson que l'on éprouve à lire les plus beaux textes de l'humanité, tel le discours que le chef Stealth des Indiens Lumni adressait à la fin du dix-neuvième siècle au Président des Etats-Unis, afin de lui faire don de la terre : « Peut-être sommes nous frères… »
Quelque chose de simple, de vrai, qui n'existe que dans le langage. Une allure, une ruse parfois, une danse grinçante, ou bien de grandes plages de silence. La langue de la moquerie, les interjections, les malédictions, et tout de suite après, la langue du paradis.
C'est à elle, Elvira, que j'adresse cet éloge – à elle que je dédie ce Prix que l'Académie de Suède me remet. À elle, et à tous ces écrivains avec qui – ou parfois contre qui j'ai vécu. Aux Africains, Wole Soyinka, Chinua Achebe, Ahmadou Kourouma, Mongo Beti, à Cry the Beloved Country d'Alan Paton, à Chaka de Tomas Mofolo. Au très grand Mauricien Malcolm de Chazal, auteur, entre autres de Judas. Au romancier mauricien hindi Abhimanyu Unnuth, pour Lal passina (Sueur de sang), la romancière urdu Hyder Qurratulain pour l'épopée de Ag ka Darya (River of fire). Au Réunionnais Danyèl Waro, le chanteur de maloyas, l'insoumis, à la poétesse kanak Dewé Gorodé qui a défié le pouvoir colonial jusqu'en prison, à Abdourahman Waberi le révolté. À Juan Rulfo, à Pedro Paramo et aux nouvelles du El llano en llamas, aux photos simples et tragiques qu'il a faites dans la campagne mexicaine. À John Reed pour Insurgent Mexico, à Jean Meyer pour avoir porté la parole d'Aurelio Acevedo et des insurgés Cristeros du Mexique central. À Luis González, auteur de Pueblo en vilo. À John Nichols, qui a écrit sur l'âpre pays dans The Milagro Beanfield War, à Henry Roth, mon voisin de la rue New York à Albuquerque (Nouveau Mexique) pour Call it Sleep. À J.P. Sartre, pour les larmes contenues dans sa pièce Morts sans sépulture. À Wilfrid Owen, au poète mort sur les bords de la Marne en 1914. À J.D. Salinger, parce qu'il a réussi à nous faire entrer dans la peau d'un jeune garçon de quatorze ans nommé Holden Caufield. Aux écrivains des premières nations de l'Amérique, le Sioux Sherman Alexie, le Navajo Scott Momaday, pour The Names. A Rita Mestokosho, poétesse innue de Mingan (Province de Québec) qui fait parler les arbres et les animaux. À José Maria Arguedas, à Octavio Paz, à Miguel Angel Asturias. Aux poètes des oasis de Oualata, de Chinguetti. Aux grands imaginatifs que furent Alphonse Allais et Raymond Queneau. À Georges Perec pour Quel petit vélo à guidon chromé au fond de la cour ? Aux Antillais Edouard Glissant et Patrick Chamoiseau, au Haitien René Depestre, à Schwartz-Bart pour Le Dernier des justes. Au poète mexicain Homero Aridjis qui nous glisse dans la vie d'une tortue lyre, et qui parle des fleuves orangés des papillons monarques coulant dans les rues de son village, à Contepec. À Vénus Koury Ghata qui parle du Liban comme d'un amant tragique et invincible. À Khalil Jibran. À Rimbaud. À Emile Nelligan. À Réjean Ducharme, pour la vie.
À l'enfant inconnu que j'ai rencontré un jour, au bord du fleuve Tuira, dans la forêt du Darién. Dans la nuit, assis sur le plancher d'une boutique, éclairé par la flamme d'une lampe à kérosène, il lit un livre et écrit, penché en avant, sans prêter attention à ce qui l'entoure, sans se soucier de l'inconfort, du bruit, de la promiscuité, de la vie âpre et violente qui se déroule à côté de lui. Cet enfant assis en tailleur sur le plancher de cette boutique, au cœur de la forêt, en train de lire tout seul à la flamme de la lampe, n'est pas là par hasard. Il ressemble comme un frère à cet autre enfant dont je parle au commencement de ces pages, qui s'essaie à écrire avec un crayon de charpentier au verso des carnets de rationnement, dans les sombres années de l'après-guerre. Il nous rappelle les deux grandes urgences de l'histoire humaine, auxquelles nous sommes hélas loin d'avoir répondu. L'éradication de la faim, et l'alphabétisation.
Dans tout son pessimisme, la phrase de Stig Dagerman sur le paradoxe fondamental de l'écrivain, insatisfait de ne pouvoir s'adresser à ceux qui ont faim – de nourriture et de savoir – touche à la plus grande vérité. L'alphabétisation et la lutte contre la famine sont liées, étroitement interdépendantes. L'une ne saurait réussir sans l'autre. Toutes deux demandent – exigent aujourd'hui notre action. Que dans ce troisième millénaire qui vient de commencer, sur notre terre commune, aucun enfant, quel que soit son sexe, sa langue ou sa religion, ne soit abandonné à la faim ou à l'ignorance, laissé à l'écart du festin. Cet enfant porte en lui l'avenir de notre race humaine. À lui la royauté, comme l'a écrit il y a très longtemps le Grec Héraclite.

J.M.G. Le Clézio , Bretagne, 4 novembre 2008


Copyright: Nobel Foundation.

mercredi 3 décembre 2008

Stand-by

Période de fêtes oblige, le site est momentanément en stand-by...
Pour des infos concernant l'actualité réunionnaise, india-océane, mondiale, etc. (il faut voir grand !), se rendre sur "Maloya.org" qui, je dois l'avouer, est désormais l'objet de mes attentions (et de celles de Pierrick Gigan et Teddy Payet) :

Maloya.org
(cliquer ici)

lundi 20 octobre 2008

"Réunion, pinceau & écologie"

Exposition de jeunes peintres réunionnais à Paris :

Les 14 et 15 novembre 2008, le CASODOM organise une exposition de quatre jeunes peintres réunionnais (par ordre alphabétique) : Stéphane HOARAU, Yola MINATCHY, Sabine POTONIE, Ingrid VON PINE.

Le vernissage aura lieu le 13 novembre, à partir de 18h00, dans les locaux du CASODOM :

7 bis rue du Louvre - 75001 Paris
(métro : Louvre-Rivoli)
[Plan]



Pour plus d'informations, cliquez sur l'image ci-dessus.

Infoline : 01.42.36.24.54 - casodom@wanadoo.fr - www.casodom.com

dimanche 12 octobre 2008

Longue vie et joyeux anniversaire à "Île en île" !

Le site de littérature et de resources en matière de francophonies (insulaires), Île en île, fête ses 10 ans. Thomas C. Spear, son "créateur", vous invite donc à vous y rendre pour y lire un entretien fait à cette occasion ; voici son mot d'invitation :

__Aux amis, collaborateurs, auteurs (et à la presse) : le 12 octobre 2008 est officiellement l'anniversaire du site Île en île, lancé en 1998.
__Pour l'occasion, je vous invite à lire un entretien qui fait un bilan du chemin parcouru, partage quelques moment forts et donne une idée des choses à venir :

"Dix questions pour dix ans"
(questions pour Thomas C. Spear
à l'occasion des dix ans du site
Île en île,
propos recueillis par Stève Puig).


__
Merci de faire circuler l'information et l'invitation. A (re)découvrir des centaines d'auteurs, de : Haiti, Martinique, Guadeloupe, Guyane, Maurice, Réunion, Comores, Madagascar, Nouvelle-Calédonie, Polynésie...
__Le moment de l'anniversaire est propice pour faire une nouvelle visite au site pour «fouiller» dans ses archives. Il y aura de nouvelles vidéos dans les semaines qui viennent et d'autres suppléments, selon une évolution suggérée dans l'entretien.

__Merci à tout le monde - vous êtes si nombreux ! - de votre participation et contributions à la base de données. Qu'elle trouve moyen de survivre dans les années à venir.

Thomas Spear.

samedi 11 octobre 2008

Noble Nobel : JMG Le Clézio

Petit portrait et pistes de lecture relatives à l'oeuvre de Jean-Marie G. Le Clézio, prix Nobel de Littérature 2008 :


__Voici, pour ceux qui ne savent par où commencer tant son oeuvre est impressionnante, en quelques lignes, une présentation de Jean-Marie Gustave Le Clézio, écrivain de "l'exil et de la fraternité" (Le Monde du 11/10/08), né à Nice en 1940 et ayant parcouru tout les continents de notre globe :

__« La vie de Jean-Marie G. Le Clézio est avant tout parcours. Et, de ces nombreux voyages qui ont ponctué son existence, il résulte une somme d’ouvrages imprégnés de cultures et d’imaginaires variés, avant tout marqués par l’errance. Tout y est mouvement : d’une famille littéraire à une autre, cette carrière commencée par un apparentement au Nouveau Roman français se poursuit par une forte inscription dans l’espace littéraire francophone. Il est ainsi possible, en lisant sa bibliographie, de retracer son parcours : né à Nice (Le Procès-verbal, 1963 ; La Fièvre, 1965 ; Etoile errante, 1992), il passe une partie de son enfance en Afrique avec son père (Onitsha, 1991 ; L’Africain, 2004) où il retourne bien plus tard, entre autres lieux, au Maghreb (Désert, 1980 ; Poisson d’or, 1997). Après avoir encore traversé le continent américain (Relation de Michoacán, 1984 ; Le Rêve mexicain, 1988 ; La Fête chantée, 1997), tout en ponctuant ces voyages par des passages en Europe, il a aujourd’hui posé ses bagages au Nouveau Mexique où il enseigne le français.
__Cet imaginaire marqué par les voyages et les rencontres trouve aussi ses racines dans le parcours de ses ancêtres : Sirandanes et son petit lexique de la langue créole et des oiseaux (1990), seul texte de l’auteur écrit exclusivement en créole mauricien, témoigne de l’importance de ses "origines mauriciennes"… Origines qu’il est possible de retrouver dans ce que Danielle Tranquille nomme "une trilogie sur la trace des origines, de ses origines", à savoir : Le Chercheur d’or (1985), Voyage à Rodrigues (1986) et La Quarantaine (1995). » *

Pour une bibliographie complète des écrits de Jean-Marie G. Le Clézio (romans, nouvelles, articles, préfaces, etc.) et des travaux portant sur son oeuvre (thèses, mémoires, articles, ouvrages, etc.), cliquer sur le lien ci-dessous ("Source"), et consulter l'Annexe II, de la page 515 à 577.

* Source : Stéphane Hoarau, Ecriture de l'exil et exils des écritures (Lecture croisée des mouvements d'exils dans les oeuvres d'auteurs francophones contemporains : Monique Agénor, Jean-Marie G. Le Clézio, Nabile Farès, Jean Lods), Thèse de Doctorat, Université Louis Lumière - Lyon 2, 2008, p. 64.

[Photo : Jacques Sassier © Gallimard.]

lundi 6 octobre 2008

Ne pas confondre "mise en abyme" et "mise au ban"

"Le prof de français suspendu" : Suite.

Rappel des faits : la très dévote académie de La Réunion, par la voix de son recteur, suspendait la semaine dernière, et sur la "demande" d'un parent d'élève, l'un de ses enseignants (de La Possession). L'enseignant en question avait osé présenter à ses élèves une nouvelle de l'écrivain Raharimanana ("Le canapé", Rêves sous le linceul, 1998) qui mentionnait l'onanisme (qui n'est par d'ailleurs pas un péché, et qui n'est pas non plus interdit par la loi...). La chose a fait du bruit, et pour cause : cela ressemble à s'y méprendre à un mal-entendu... L'onanisme rendrait-il - vraiment - sourd ? Sourd en tout cas à la chose littéraire : ni le parent, ni l'Institution n'auraient perçu la métaphore présente dans le texte ?!

Je ne m'étalerai pas sur le sujet, un papier a déjà été fait sur Clicanoo (cliquez ici). En revanche, je vous propose de lire ci-dessous les mots de la personne concernée, Raharimanana, qui répond aux questions d'une journaliste du Quotidien de l'île :

- Quels ont été vos sentiments lorsque vous avez appris que l'étude d'une de vos nouvelles , "le canapé" a déclenché une polémique dans un lycée de la Réunion ?
Je ne peux pas feindre la surprise, le sujet est difficile : le Rwanda et ses massacres, la femme violentée dans sa chair lors des exterminations de masse. Je sais bien que l'ensemble du recueil de "Rêves sous le linceul" provoque le malaise. Mais pour ma part, c'est entièrement assumé. Je mets des mots sur l'obscenité du monde, sur le scandale des génocides, sur nos silences lâches jouissant de vivre dans des pays dits "nantis", "opulents", "civilisés", sur le spectacle du monde vu à travers la lucarne de la télé. J'étais juste surpris que ce livre revienne en force en ce moment (la publication date quand même de 1998). Mais peut-on vraiment s'étonner dans la mesure où aujourd'hui, une certaine pensée dominante portée par le pouvoir en place se ferme de plus en plus et revisite l'histoire à sa manière ? Je crois juste qu'une censure, au fond, ne fait jamais de mal à un livre, au contraire.

- Le rectorat juge votre texte "tendancieux, polémique et provocateur". Qu'en pensez-vous ?
Le rectorat parle-t-il d'une même voix ? J'ai cru comprendre il y a quelques années qu'il y avait eu un projet d'un livret pédagogique pour ce même livre, et ce par le même rectorat... Je ne vais justement pas entrer dans cette polémique stérile. Le rectorat déplace la question sur un autre terrain, je parle littérature et du scandale du monde -le génocide rwandais et autres atrocités mémorables, le rectorat va sur le terrain de la bienséance, de la morale, du politiquement correct. Nous ne parlons pas du tout de la même chose. L'école n'est-elle pas justement le lieu où les lectures du monde doivent survenir ?

- Plus que le texte en lui-même, le rectorat reproche au professeur sa démarche: il a demandé à ses élèves d'étudier ce texte seul chez eux. A-t-il commis une erreur de méthodologie ?
Plus que la censure, ce qui me dérange profondément, c'est que le rectorat ait pris cette décision après une plainte d'un parent... Société de délation ? Mais quel pouvoir donne-t-on à ce parent d'élève ? A-t-il plus de compétence que ce professeur en matière d'enseignement ? Quelle est la confiance qu'on accorde à nos professeurs ? Ne peut-on pas se fier au professionnalisme de cet enseignant ? Il connait ses élèves. Il a sa méthodologie. Il prépare ses cours. Ce n'est pas à moi de dire s'il a fait une erreur de méthodologie ou pas. Je suis écrivain, pas inspecteur de l'éducation nationale.

- Des élèves de seconde, âgés en moyenne de 15 ans, sont-ils assez armés pour comprendre le message contenu par ce texte?
L'école forme des enfants à comprendre le contenu des textes. L'âge ne signifie rien en soi. Il y a des enfants qui comprennent plus tôt que d'autres. Et je ne pense pas qu'ils soient aveugles ces enfants à qui ce professeur a donné ce texte, ils savent que le Rwanda a existé, que la Shoah a eu lieu, il y a l'Irak, il y a l'Afghanistan, la Palestine... ils savent que le monde des adultes est scandaleux, que des crimes se perpetuent dans le monde et que beaucoup d'adultes ferment les yeux. La censure est une initiation pour être un homme sociable parfait et respectable. A 15 ans, je pense qu'on peut comprendre ce texte. Quel adolescent n'a pas eu ses lectures interdites ? J'ai lu "J'irai cracher sur vos tombes" de Boris Vian à 13 ans. Le drame, c'est qu'on a vidé d'idées la tête de nos enfants. Leur donnons-nous assez de lectures, assez de livres ? Et ces parents qui se scandalisent pour tel ou tel livre, ne pouvaient-ils pas en profiter pour aborder le sujet avec leurs enfants ? Partager un peu de la lecture du monde, de la vie, avec leurs progénitures. Ont-ils assez lu ? Ouvrent-ils assez les yeux ?

- Aujourd'hui le prof suspendu s'expose à une sanction pouvant aller jusqu'à l'exclusion définitive. Jugez-vous qu'elle serait excessive?
C'est là le scandale pour moi. Quel serait le motif ? Faire lire un livre serait un crime ? Ce serait très grave et très significatif comme message. Le rectorat a-t-il réellement ce droit ? Ce serait pour le coup une réelle injustice. L'année dernière, j'ai été en résidence d'écriture dans un lycée de Saint Denis (93) en métropole. Les professeurs ont fait lire entre autres mon recueil "Rêves sous le linceul". C'était une résidence d'écriture en concertation avec l'éducation nationale. Dans nos latitudes océanes, on n'aurait donc pas le droit d'aborder certains sujets ? Deux poids, deux mesures ? A Madagascar, le régime qui prenait le pouvoir avait brûlé la bibliothèque familiale en 2002 (voir mon livre L'arbre anthropophage), aujourd'hui, dans un pays démocratique -vraiment ? la France, je suis confronté à la même question : faut-il brûler les livres ?

> Auteure de l'entretien : Valérie Goulan, lundi 6 octobre 2008.
> Sources : Le Blog des éditions K'A / Le Quotidien de La Réunion du 08/10/08

jeudi 2 octobre 2008

L'exil vu par...

Edito / Kozman, de Philippe Grondin, psychologue et psychanaliste, sur le site Maloya.org :

Je pourrais m'adresser aux "habitués" de l'Edito / Kozman de Maloya.org, mais comment être habitué quand ce n'est que la troisième édition du genre, depuis le mois de d'août ?

Donc, ce mois-ci, et comme pour tous les mois à venir, un Edito / Kozman est en ligne sur le site bilingue (créole et français) Maloya.org : Philippe Grondin, psychologue et psychanalyste, nous fait part de sa lecture de l'exil... Dans un autre registre, mais sans pour autant prendre trop de distance par rapport à cette question de l'exil, Gabriel Ackondjhol nous invite à découvrir son travail de peintre, dans la partie "exposition" du site (exemple ci-contre).

Pour lire l'édito, et/ou pour voir l'exposition de ce mois d'octobre, rendez-vous à cette adresse :


N'hésitez pas à réagir et à laisser un commentaire : il vous suffit pour cela de vous laisser guider (onglet "Bat'koz / Réagir").

lundi 22 septembre 2008

Littérature francophone (Madagascar) : Rencontre et débats...

L'ARCC présente son Couleur Saphir N° 120

Rencontre et débats avec l'écrivain Jean-Luc Raharimanana
Animée par André Robèr et Stéphane Hoarau
Animation musicale : Tao Ravao


Pour cette rentrée 2008, dans le cadre de son Couleur Saphir n° 120, l'Association Réunionnaise Communication et Culture (ARCC) vous invite à rencontrer dans ses nouveaux locaux l'écrivain et poète malgache Jean-Luc Raharimanana : né à Antanarivo en 1967, il réside dans la Grande Île jusqu'à l'âge de 22 ans, où il obtient une licence de Lettres. Après quelques expériences théâtrales contrariées par des (dés)ordres politiques, il quitte Madagascar pour s'installer en France où il devient enseignant. Prix Jean-Joseph Rabearivelo de poésie en 1987, et également Grand Prix Littéraire de Madagascar en 1998 pour son recueil de nouvelles Rêves sous le linceul, Raharimanana n'a eu de cesse de creuser les mémoires tout en croisant des langues. Ecrivant à la fois en malgache et en français, il revisite depuis plusieurs années, de manière pertinente et percutante, des pans silencieux de l'histoire malgache. Lors de cette rencontre portant tant sur son œuvre que sur son engagement, il sera question de cela : briser les silences, creuser les mémoires, déterrer les fantômes du passé, comme pour renvoyer les échos du hiatus politique et historique qui ont déchiré cette île de l'océan Indien…

> Informations pratiques :
Mercredi 8 octobre 2008 à 19 h
Association Réunionnaise Communication et Culture
162 bis rue Pelleport 75020 - Paris (Plan)
Métro : Télégraphe (Ligne 11) / Bus : ligne 60 (arrêt Borrego)

La rencontre sera suivie d'un cocktail

> Pour plus d'informations sur Raharimanana (portrait et bibliographie), se rendre sur le site d'Île en île.

mercredi 17 septembre 2008

Appel public à signatures pour obtenir l’abandon du fichier EDVIGE

Ironiquement, c'est un "risque" à prendre (de se faire ficher, entre autres...). Mais, c'est semble-t-il un "risque" raisonné, et nécessaire : pour obtenir l'abandon du fichier EDVIGE instituant le fichage systématique et généralisé, dès l'âge de 13 ans, par la police, des délinquants hypothétiques et des militants syndicaux, politiques, associatifs et religieux, vous pouvez signer une pétition en vous rendant à cette page, "signer l'appel".

Pour plus d'informations, vous pourrez également lire le texte de présentation, justifiant les motivations de la pétition : ICI

Source des informations : http://nonaedvige.ras.eu.org/

dimanche 7 septembre 2008

Vernissage & Exposition (à Paris)

Exposition de Stéphane Hoarau au Salon d'Automne de la Peinture Contemporaine, du 11 au 21 septembre 2008, Salle Olympe de Gouges (Paris 11e) :

Certains commencent à être habitués : chaque année, se déroule à Paris le Salon d'Automne de la Peinture Contemporaine (organisé par la Mairie du 11e). Une fois n'est pas coutume donc, vous pourrez à nouveau venir rincer vos yeux - et vos gosiers - au vernissage de ce salon d'artistes peintres. 

Le vernissage aura lieu le 11 septembre 2008, à partir de 18h30, et l'exposition durera jusqu'au dimanche 21 septembre : vous y êtes tous cordialement invités ! Je vous y accueillerai avec non seulement beaucoup de plaisir, mais également avec "un petit" rhum ou punch pays... A jeudi donc !

Informations pratiques :
Salle Olympe de Gouges (Plan : cliquez sur le lien)
15 rue Merlin - 75011 Paris  
Métro : Voltaire (l. 9) / Père Lachaise (l. 2 et 3)

Ouverture : tous les jours entre le 12 et le 21 sept. 2008, de 12h à 19h.

Infos : 01 53 27 11 11

Entrée libre et gratuite (carton d'invitation non nécessaire).



>>> Lire la critique de Patricia Laranco sur le Salon d'Automne de la Peinture Contemporaine

mercredi 3 septembre 2008

"Être Réunionnais au carnaval des autres", par Françoise Rivière

En ce mois de septembre, Françoise Rivière propose sur Maloya.org un texte inédit que vous pourrez lire durant tout le mois ; extrait : 

"Les jeunes Réunionnais qui arrivent en France continentale découvrent, certains pour la première fois, qu’ils viennent d’un monde différent. Ils prennent alors conscience qu’il leur est parfois difficile de trouver les mots exacts pour décrire LEUR monde. Certes, ils ont en commun avec leurs amis de l’Hexagone, outre les programmes de l’école française, des références littéraires, musicales, télévisuelles… mais ils n’ont évidemment pas vécu les mêmes saisons, senti les mêmes odeurs, entendu et parlé la même langue. S’agissant de langue, je ne fais pas seulement allusion au créole, mais également à la « langue cachée », celle que l’on parle même lorsque l’on s’exprime en français et qui garde trace de l’histoire oubliée..."

Pour en savoir plus, lire la suite, et éventuellement laisser un commentaire, se rendre à l'adresse : "Edito / Kozman" de Maloya.org...

vendredi 22 août 2008

Publication d'une revue portant sur "Les littératures réunionnaises"

Francofonia, la revue de l'Université de Bologne (Italie), propose pour son n°53 (automne 2007), un numéro spécial coordonné par deux chercheurs de l'Université de La Réunion, Françoise Sylvos et Valérie Magdelaine-Andrianjafitrimo, et portant sur les littératures réunionnaises. 

Au sommaire, une série d'articles rédigés par des enseignants et/ou chercheurs travaillant ce champ littéraire (par ordre alphabétique) : Michel Beniamino, Zareen Cajee, Teddy Gangama, Carpanin Marimoutou, Marie-Josée Matiti-Picard, Serge Meiteinger, Frédérique Hélias, Stéphane Hoarau, Guillaume Samson et Teddy Gangama. 

Présentation (extrait) :
"Nous voyons dans les contributions présentées ici, se dessiner les contours de ces littératures [réunionnaises], puisque certaines contributions proposent d'aborder essentiellement des textes créolophones (Frédérique Hélias) ou des formes musicales (Guillaume Samson, Teddy Gangama) ou encore de montrer des légendes (Marie-Josée Matiti-Picard) qui se sont construites autour des lieux insulaires et ont contribué à la fondation d'un imaginaire commun d'où seront issus de nombreux stéréotypes descriptifs réinvestis dans les textes littéraires. La partition de la littérature française en genres et ainsi remise en question. La Réunion apparut longtemps comme l'"Île des poètes" et elle a pu se réapproprier ce cliché colonial à travers sa poésie contemporaine (Françoise Sylvos, Serge Meitinger, Michel Beniamino). Elle s'est progressivement installée dans le genre romanesque qui traduit encore l'ensemble des dilemmes du discours et du contre-discours et qui ne semble pouvoir donner une image de l'île que dans la distance de la fiction (Valérie Magdelaine-Andrianjafitrimo), ou de l'exil (Stéphane Hoarau). Mais elle fait un usage totalement différent des autres genres littéraires. Le théâtre, d'implantation relativement récente, ne privilégie pas réellement les textes et adopte un scénographie plurielle et complexe, à l'image de l'éclatement des modes d'expressions et des langues de l'espace social (Zareen Cajee). Le récit de voyage colonial (Carpanin Marimoutou), ligoté dans son aveuglement et son indifférence aux autres, constitue l'un des genres factuels dont La Réunion est de plus en plus friande : récits de vie, récits mémoriels sont ainsi l'une des formes particulièrement en vogue dans l'édition contemporaine." (p. 5-6)

Pour lire la suite, il va falloir se procurer le livre... Comment ? En le commandant dans votre librairie préférée, ou en vous adressant directement à l'éditeur : periodici@olschki.it 

>>> Référence de l'ouvrage : Francofonia, "Les littératures réunionnaises", n° 53, Automne 2007, Florence (Italie), Olschki Editore, 2007, 244 p. (ISSN 1121-953X).

mardi 19 août 2008

Flying pailles cannes

Nana i sa o Sakifo, na dot i gingn pa : i abite tro lwin !
Pou sat la, na osi sakifo : astèr na lo "Flèr Kann" !


En septembre à La Cigale (Paris 18e), petite séance de rattrapage pou sak na pwin Sakifo :


> Pour toutes les précisions (date, adresse, horaires, programmation, etc.), cliquez sur l'image ci-dessus.

samedi 9 août 2008

Ou plus loin...


"Quand tu contemples une rose
qui a blessé un mur et que tu dis :
J'ai bon espoir de guérir du sable,
ton coeur verdit..."

Mahmoud Darwich, Comme des fleurs d'amandier ou plus loin.

vendredi 1 août 2008

Des mots : Edito / Kozman

C'est officiel : aujourd'hui, 1er août 2008, Maloya.org lance son édito ! 

A cette occasion, et pour le tout premier édito donc, l'écrivain et poète (le "fonnkozèr" ni di...) Jean-Louis Robert revient sur ce qui a animé les débats il y a quelques semaines de cela : l'introduction des LCR (Langues et Cultures Régionales) dans la Constitution Française.... Pour découvrir en détail ses propos, se rendre sur la page d'accueil de Maloya.org, ou directement sur la page de l'édito.

Pour ce qui est des informations concernant l'auteur du texte, je vous invite à lire soit un texte en créole, soit en français... au choix donc (cliquer sur les liens). 

En vous souhaitant une bonne lecture !

NB : L'"Edito / Kozman" de Maloya.org sera mensuel, et sera publié entre le 1er et le 5 de chaque mois. Ainsi, des acteurs de la vie culturelle réunionnaise (qu'ils soient Réunionnais ou non), vous proposeront régulièrement leurs mots... Nous avons rdv !

mercredi 30 juillet 2008

K'Abar

Pour ceux qui voyagent et qui ont la bonne idée de consulter ce blog lors de leur séjour, dans l'île par exemple, une petite info culturelle alléchante :

Les éditions K'A, la ville du Port et le Théâtre sous les arbres organisent un grand kabar (gratuit, ça va de soi) du côté du Port, ce 1er août 2008. Avec, bien évidemment, une belle brochette d'acteurs locaux tels que : André Robèr (spécialement dans l'île), Arlette Nourly, Franky Lauret, Claire Karm, Mikael Kourto, etc.

Pour plus de précisions (adresse, horaires, etc.), cliquez sur l'image ci-dessous :

mardi 29 juillet 2008

"Matrix ton nénènn"

Du créole dans la boîte :
Voilà de quoi alimenter vos conversations durant l'hiver austral (ou l'été continental, selon le lieu de la planète où l'on se trouve...). En l'occurence, l'histoire en question se passe plutôt au Sud, dans une île de l'océan Indien que nous connaissons désormais mieux (depuis son succés international grâce à "Matrix... ton Monmon").

En avant-première (ou presque), je vous propose donc de découvrir le nouveau re-montage et re-sonorisation de Ganesh2 : après "Ton Monmon" et après "Out Papa", voici "Matrix Ton Nénènn" ! On prend donc les mêmes, et on recommence, mais à noter cette fois l'apparition en guest star d'une sommité locale, j'ai nommé Mme Aude !

Tous à vos écrans :


Matrix ton nénenn (en créole)
envoyé par ganesh2

Pour l'occasion, il peut être interessant de ressortir des tiroirs de ce blog deux articles rédigés à l'occasion des sorties internationales du premier et du second opus, et portant, entre autres, sur la virtualité de l'exitence d'un cinéma réunionnais :
> Article 2 : "Bande de sons !"

mardi 22 juillet 2008

Ki plïs ou ki dévis ?

Août... Vacances... Choix à faire... Parfois même : dilemmes ! Et parmi ceux qui se poseront des questions existentielles, il y aura ceux qui ne seront choisir entre la mangue qui pluche et la mangue qui dévisse. Une tentative d'explication :



Pour lire la suite, se rendre sur le site BD de "Zourite59"...

mardi 15 juillet 2008

Se parker dans Paris

Curiosité culturelle

Puisque le blog est momentanément (et légèrement) en "stand-by", pour vous faire patienter le temps de la reprise (totale) des activités, je vous propose de découvrir une petite tranche de vie... Ou plutôt, un petit élément de la culture parisienne : comment se gare-t-on dans Paris ? Comme ceci :


Avis aux amateurs de voiture : quand y'en a plus (de la place), y'en a encore !

PS : Ne vous absentez pas trop longtemps, j'attends la sortie de quelques (magnifiques) ouvrages portant sur les langues et cultures de l'océan Indien avant de relancer les activités de "bloger".

lundi 7 juillet 2008

On aime, on écoute...

De passage à Paris, Téât Lakour nous avait accordé un petit entretien, quelques heures avant de monter sur scène. Ils sont drôles, oui (c'est un métier), mais pas insouciants... Et pour preuve :


Téat Lakour from Maloya on Vimeo.

> Pour voir plus de vidéos, et ainsi savourer d'autres mots, rendez-vous sur : Maloya.org.

vendredi 20 juin 2008

"Service Malgache"

Exposition sur le PATRIMOINE NATUREL de MADAGASCAR et sa protection (à l'UNESCO, SALLE MIRO)

De sa séparation d'avec l'Afrique et de l'Inde, il y a des millions d'années, la Grande Île a conservé des empreintes géologiques profondes qui offrent aujourd'hui des paysages parmi les plus beaux et spectaculaires du monde. Son isolement insulaire a créé un univers biologique unique au monde où la plupart des espèces végétales et animales ne se trouvent nulle part ailleurs. C'est cette riche biodiversité qui est présentée cette année à l'UNESCO.

Informations pratiques:
> Le 27 Juin 2008 : SPECTACLE, Salle 1, 20 heures sur INVITATION 
(demander directement les invitations à : www.repermad_ jmu@hotmail.fr)
> UNESCO, entrée au 165, Avenue de Suffren 75007 Paris - Métro SÉGUR ou CAMBRONNE

A noter que : musique, danse et projection de films sur l’environnement seront au programme (avec notamment la contribution d’artistes renommés).

Pour des informations complémentaires concernant le patrimoine malgache et la Délégation permanente de Madagascar auprès de l'UNESCO, cliquez ici.

lundi 9 juin 2008

Cordes vocales

Dans le cadre d'un fameux festival de Jazz ("Jazz Ô Zèbre"), à Paris ce 18 juin prochain, vous aurez l'occasion d'écouter un savoureux duo, pour un mélange subtile de sons et de mots : à la harpe, Hélène Breschand, et aux mots, le fonnkozèr réunionnais André Robèr... 

Entremêlement des cordes de l'un (voix) et de l'autre (harpe), pour une soirée Jazz aux sonorités créoles. Deux textes seront présentés : "Fonnkèr pou la po" et "Isi tout domounelé kréol".

Pour plus d'informations, cliquez sur les images ci-dessous (horaire, tarif, lieu, etc.) :





Ou rendez vous directement à cette adresse : "Le Zèbre de Belleville"

vendredi 6 juin 2008

Vert d'une île : vers l'île de Didier Soret

Connaissez-vous les photographes réunionnais ? Connaissez-vous leurs travaux ? Si oui, vous aurez l'occasion d'en savoir un peu plus ; si non, vous pourrez les découvrir... Où ? Sur Maloya.org, dans cette rubrique, "Kaméléon Volaz / Lézard Errant", dédiée aux arts qui lézardent, dédiée aux arts d'une île qui s'inscrit dans un rapport transversale à d'autres cultures...

Petit portrait de l'artiste à la une ce mois-ci (juin) :
Didier Soret, né le 08 octobre 1968 à La Réunion, est un plasticien photographe, diplômé de l'École Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris, et titulaire d'un Doctorat en Histoire de l'art... créole réunionnais. Son travail s'engage dans une démarche synthétisant installation, peinture, photographie et vidéo. Sa réflexion porte sur les changements climatiques qui provoquent des mutations de la flore et de la faune. Soucieux des nombreux désordres engendrés par la course économique au détriment des valeurs humaines, son univers créatif souligne les dangers actuels menaçant notre planète bleue. 



Découvrez les photographies de Didier Soret sur Maloya.org, dans la rubrique "Kaméléon Volaz / Lézard Errant" (pour consulter les archives de cette rubrique, et découvrir d'autres artistes péi, cliquez ici).

mercredi 4 juin 2008

Un peu de lecture...

Pour ceux qui habitent à Paris et qui constatent - avec désepoir - que le soleil n'est pas au rendez-vous, je propose une activité "d'intérieur" qui permet, justement, de se passer de soleil : la lecture...

Via deux petits textes de présentation, vous pourrez vous orienter et choisir ce qui vous convient le mieux : les maux de l'un ou ceux de l'autre, les mots de Jean-Louis Robert ou ceux d'Edouard Glissant.

A lire donc, sur deux plates-formes francophones distinctes (mais nous le savons, "la francophonie est un réseau"), soit un portrait de l'écrivain et/ou fonnkozèr réunionnais Jean-Louis Robert (cliquez ici), soit un compte-rendu (critique) de la dernière publication du penseur antillais, Edouard Glissant (cliquez là).

Pour plus de précsions, il s'agit de :
- Portrait de Jean-Louis Robert sur île en île ;
- Compte-rendu de lecture des Entretiens de Baton Rouge d'Edouard Glissant (avec Alexandre Leupin), sur Mondes Francophones.

En vous souhaitant de trouver à l'intérieur des pages le soleil qui manque à l'extérieur,
HS.

samedi 17 mai 2008

Maloya-sur-Blog

"Koméraz / On en parle", le blog de Maloya.org :


Connaissez-vous Maloya.org ? Mais connaissez-vous déjà son blog, baptisé "Koméraz / On en parle" ? C'est un espace de parole qui vous est dédié : d'abord, vous pouvez y débattre (au sujet de la langue, le créole), ensuite vous pouvez y battre la langue (en laissant des fonnkèr et des poèmes par exemple) ! Lieu privilégié de rencontre et d'échange, il vous permet soit de laisser des commentaires sur des articles qui font polémiques (pour la plupart parus dans des journaux locaux : Le Quotidien, le JIR, etc.), soit de laisser tout autre type d'impression : extraits de livre que vous avez publié ou non, ou encore texte poétique, en prose, ou essais... 

Libre à vous, donc, de prendre possession de cet espace !  Pourquoi ? Parce que, comme le souligne la devise du blog : "un espace de parole qui n’est pas occupé, est un espace laissé à l’opposant (qui n’est pas nécessairement l’« adversaire »), osez et réagissez !"

Au plaisir de vous y rencontrer...

Comment s'y rendre ?
- A partir d'ici, se rendre à cette adresse : http://komeraz.blogspot.com/
- A partir de Maloya.org, cliquer sur le journal qui se trouve en haut à droite, dans le menu (onglet "Koméraz / On en parle")  

Kèl Kozman ? / Quelle parole ?

Entre l'île de La Réunion, Paris, et bien d'autres lieux dans le monde, je vous propose, via ce petit blog, de découvrir quelques artistes, publications, événements, etc. qui se rapportent tous à la culture. Une culture alter-..., c'est-à-dire, une culture différente, qui ne se découvre pas dans les magasines pipoles ou dans les écrans des tévés - ni même sur les affiches publicitaires - mais une culture qui tisse des liens entre les humanités, qui vit et que nous faisons vivre de manière originale et singulière dans nos quotidiens respectifs, à travers le monde, à travers les mondes : francophones, créolophones, etc.

Au plaisir de vous rencontrer lors d'une manifestation ou dans l'un des ateliers présentés,
Bien à vous,


Stéphane Hoarau.